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 Histoire de famille

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Walddorg
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Messages : 74
Date d'inscription : 21/08/2015

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MessageSujet: Histoire de famille   Histoire de famille Icon_minitimeMer 2 Mai - 16:11

1.
« Camille ! A table ! »

Toujours cette voix faussement enjouée … Je descends les escaliers et m’installe aux côtés de mes parents. Ma mère, qui il y a peu n’aimait pas cuisiner, s’est encore démenée ce soir : un rôti tout juste sorti du four trône sur la table, accompagné d’une poêlée de légumes fraîchement découpés et à l’odeur alléchante. Elle commence par servir mon père, puis elle remplit mon assiette d’une montagne de viande et de légumes, en me répétant qu’il fallait que je mange, à mon âge.

Il est vrai qu’à quinze ans je suis encore en pleine croissance, mais quand même… Le repas se passe dans une ambiance conviviale, ma mère s’intéressant à notre journée en nous demandant de nombreux détails. J’ai horreur de ce moment qui ressemble fort à un interrogatoire.

« Comment se sont passés les cours aujourd’hui ? Tu t’es fait des amis ? Personne ne t’a causé de problèmes ? ».

De la prévenance, rien de plus, mais pour moi elle en fait trop. Je suis entrée au lycée deux semaines plus tôt, je prends donc sur moi une fois de plus en me disant qu’il est normal qu’elle s’inquiète et que cette année représente un changement pour nous tous.

Mon père prend bientôt le relais et je l’écoute distraitement raconter sa journée au commissariat. Ma mère boit ses paroles, et le regarde comme si elle allait le dévorer sur place. Ce regard… Je ne comprends pas comment une personne peut changer à ce point après un simple accident. Je sais que la famille a toujours été la priorité de ma mère, mais je me souviens d’une femme forte et indépendante, pas de cette personne agglutinée à nous comme une sangsue.

« C’est normal, m’avait  affirmé mon père alors que nous parlions de tout ça ensemble. Cela fait presque deux mois que ta mère ne travaille plus, et elle s’intéresse à nous car pour le moment nous sommes les seuls à la comprendre et à l’aider ».

Et je pense qu’il a raison. Cependant, depuis plusieurs nuits, j’entends des bruits étouffés dans la chambre voisine, et, deux jours plus tôt, je trouvais ma mère dans la salle de bains, un test de grossesse à la main. Où je l’entrevis plutôt car elle le cacha rapidement dans son dos, et nous avons fait comme si de rien n’était.

Mes parents m’ont eu jeunes, à tout juste vingt ans, alors qu’ils étaient encore étudiants. Ils se sont toujours débrouillés pour que je ne manque de rien, et ont très vite décidé de ne pas avoir d’autre enfant. Et aujourd’hui, à trente-cinq ans, tout a changé ? Je ne suis même pas certaine que mon père soit au courant.

Le repas terminé, je débarrasse la table et, en prétextant d’avoir du travail et d’être fatiguée, je remonte dans ma chambre. J’embrasse mon père, et ma mère me serre dans ses bras en me répétant qu’elle m’aime.

De retour dans mon espace, je termine mes exercices de maths pour le lendemain, puis je m’allonge avec mon livre du moment, intitulé vivre avec l’oubli. Celui-ci parle d’un couple dont l’une des personnes à perdu la mémoire, et doit apprendre à vivre avec. Pas très gai comme lecture du soir, mais j’en ai besoin pour faire face à la situation actuelle.

Alors que mes paupières se font lourdes, je repense une millième fois aux événements récents. Il y a environ trois mois, ma mère a disparu pendant presque vingt-quatre heures. Avec mon père,  nous lui avons téléphoné un nombre incalculable de fois, visité tous les endroits où elle avait l’habitude de se rendre, sans succès.  Nous sommes même allés signaler sa disparition au commissariat, où l’on nous a demandé de revenir le lendemain si nous étions toujours sans nouvelles.

Incapables de dormir, nous avons passé une bonne partie de la nuit assis sur le canapé, à regarder des programmes idiots à la télé pour nous changer les idées.

Au milieu de la nuit, j’ai entendu une voiture s’engager dans l’allée et se garer devant la maison. Nous avons couru jusqu’à la porte d’entrée, et c’est là que nous l’avons retrouvé. Ma mère, l’air hagard. Nous lui avons sauté au cou et je l’ai senti se crisper à notre contact. C’est alors que nous avons remarqué le jeune homme qui l’accompagnait. Celui-ci s’est avancé pour se présenter, et expliqua qu’il avait trouvé ma mère en train de déambuler le long d’une route, qu’elle avait dû avoir un accident et qu’elle ne se souvenait de rien, pas même de son nom.

Le désespoir remplaça la joie sur le visage de mon père, et je le vis pleurer pour la première fois en prenant les mains de ma mère dans les siennes.
L’inconnu a continué de parler. Par chance, ma mère avait gardé son sac avec elle, dans lequel se trouvaient ses papiers d’identité, ce qui lui a permis de connaître son adresse et de la ramener jusqu’à nous.

Après l’avoir chaudement remercié et lui avoir proposé un dédommagement (que le jeune homme a refusé), mon père a foncé chercher son manteau, et nous sommes partis directement aux urgences. Dans la voiture, ma mère n’a que peu parlé, a part pour nous dire où elle avait mal.

Assise à l’arrière,  je pouvais voir la croûte de sang séchée derrière sa tête. Après plusieurs heures d’attente et de nombreux examens, les médecins ont affirmé que ma mère allait bien, et que cette perte de mémoire était due au choc et qu’elle ne devrait pas être permanente.
Peu rassurés, nous sommes revenus chez nous. Il était tôt dans la matinée, et mon père a contacté l’agence de communication de ma mère pour leur expliquer la situation, puis son propre travail pour poser quelques jours de congés. Comme c’était les vacances scolaires, nous avons pu rester auprès d’elle toute une semaine. Nous avons regardé des heures durant de vieux albums photos, pour essayer de raviver sa mémoire, mais, bien qu’elle retienne rapidement les noms et les lieux, elle nous a avoué que tout cela restait assez flou pour elle.
Mon père a dû reprendre le travail rapidement, et je me suis retrouvé seule avec ma mère pendant le mois suivant. Le temps m’a paru anormalement long. Les journées étaient monotones, seulement ponctuées par les visites des médecins et de quelques amis. Ma mère n’attendait qu’une chose, le retour de mon père.

Je repense à son humeur changeante, tantôt enjouée et souriante, tantôt renfermée et pleurnicharde, et je ne sais toujours pas comment réagir. Les semaines suivantes, notre famille a néanmoins retrouvé un semblant de normalité. Il a fallu composer avec les nouvelles sautes d’humeur de ma mère, qui s’énervait surtout contre mon père quand il voulait sortir après le boulot retrouver des amis. Elle devint hyper possessive.

C’est avec soulagement que j’ai repris le chemin des salles de classe, échappant ainsi à la monotonie et à la bizarrerie de ma vie ses dernières semaines.

Je ferme les yeux, gagnée par le sommeil, lorsque j’entends mes parents entrer dans leur chambre. Vite, trouver le sommeil avant que la cacophonie nocturne ne redémarre…
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MessageSujet: Re: Histoire de famille   Histoire de famille Icon_minitimeMer 2 Mai - 16:13

En attendant la fin du récit des Titans (qui devrait arriver dans quelques semaines Wink), voici un nouveau récit ! Je m'essaie cette fois-ci à une rédaction au présent, c'est assez compliqué de s'y mettre mais ça devrait aller au bout d'un moment ^^
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